Sur les images et les mots :
«Pour moi, le cinéma, ce ne sont pas les mots, ce sont les images. Je pense que le principal est dans les non-dits. Ce que les gens disent, d'un côté c'est important, mais d'un autre, pas tant que ça. Les mots, c'est surtout du bruit. Je sais que les mots peuvent beaucoup compter dans la vie, ce que quelqu'un vous dit peut être très important, ça peut signifier énormément, mais en fin de compte, ce sont les actions des gens qui sont les plus parlantes, qui en disent le plus. Quelqu'un peut vous dire qu'il vous aime et la seconde d'après aller draguer votre meilleure amie, alors qu'un regard aurait exprimé plus. Je pense que c'est plus facile de comprendre qui sont les gens en les regardant agir plutôt qu'en les écoutant parler. Je suppose que pour moi, c'est ça, la vie.»
Sur le sens du titre :
«Je pourrais l’expliquer, mais je préfère que les gens y réfléchissent par eux-mêmes. Bon, en un sens, ça ne vous explique pas le titre, mais je peux vous dire que Fish Tank, c'est un peu une métaphore du cinéma, c'est une petite boite pleine de vie. Vous regardez tout ce qui s'y passe... J'ai pensé à ça après. Le titre peut avoir beaucoup de significations différentes. J'aimerais que les gens trouvent la leur. Si je vous donne une réponse, ce sera un truc défini, posé. Je suis désolée de ne pas vous répondre clairement.»
Sur le cinéma :
«cinéma est l’un des moyens les plus importants qui nous soient donnés pour aborder la vie et l’être humain.
J’attache beaucoup d’importance aux films qui ont cette priorité et j’aime quand ils réussissent à attirer l’attention sur ces sujets difficiles. Le problème, c’est que la majeure partie du public veut du divertissement.»
Sur le cinéma britannique :
«traverse des heures difficiles car il a trop longtemps tenté d’imiter le cinéma américain. Nous autres, cinéastes britanniques, éprouvons des difficultés à trouver notre identité. Les réalisateurs français n’ont pas cette obligation de penser un film en fonction de son accueil aux Etats-Unis. La conséquence est que beaucoup de bons films britanniques ne sont jamais distribués. D’autre part, peu de réalisateurs montrent ce que signifie vivre en Grande-Bretagne. Il faut donner plus d’argent aux films qui essaient réellement de refléter notre culture.»
Sources : Allociné ; Average ;
Sur le choix du lieu :
«Au départ, j'avais écrit Fish tank pour l'Estuaire du Kent, que je connais bien, mais j'ai décidé d'aller faire un tour dans l'Essex parce que je savais qu'il y avait là des paysages comparables. J'ai quitté Londres par l'est et j'ai pris l'A13 : j'ai immédiatement adoré la région étonnante que traverse cette route, ses usines, ses grands espaces, ses paysages désolés et ses aires de stationnement où une usine Ford était implantée autrefois. J'aime beaucoup la Tamise dans cette région, où le fleuve s'élargit pour se jeter dans la mer. C'est là qu'Elizabeth s'est adressée aux soldats avant d'aller combattre les Espagnols. Tout cela m'a semblé parfait.»
Sur le choix de l’actrice :
«me fallait quelqu'un qui me donne vraiment du fil à retordre. Il me fallait une fille qui n'aurait pas besoin de jouer, mais qui pourrait simplement être elle-même (...) On a rencontré des filles que nous ont envoyées des agences et des clubs de danse. Et puis, on a étendu nos recherches à la région de l'Essex et on a sillonné les maisons de jeunes, les marchés, les centres commerciaux - tous les endroits où se retrouvent les ados. On a déniché Katie à la station de Tilbury Town, où elle se disputait avec son petit copain. Quand on l'a abordée, elle n'a pas cru qu'il s'agissait vraiment d'un tournage et elle n'a pas voulu nous donner son numéro de téléphone. Elle déborde d'énergie, mais elle a aussi une part de fragilité et d'innocence qui nous convenait. Elle est originaire de la région où nous avons tourné le film, et nous a semblé tout à fait authentique.»
Sur sa méthode de travail :
«voulais tourner dans la continuité pour que chacun découvre l'histoire au fur et à mesure du tournage (...) Comme aucun acteur ne savait ce qui allait se passer par la suite, chacun d'entre eux devait se contenter de travailler la scène du moment, sans tenter d'en savoir plus. Un peu comme dans la vie. On ne sait jamais ce qui va nous arriver dans une heure ou le lendemain. Je voulais que chaque instant recèle cette innocence.»
Sur la place à l’instinct dans son travail :
Le cinéma laisse beaucoup de place à l’instinct. C’est souvent le meilleur moyen de prendre les bonnes décisions, celles qui vous permettent d’arriver au plus près de la vérité. Un film demande un investissement tel qu’il est parfois néfaste de trop réfléchir.»
Andrea Arnold : Propos de la réalisatrice