04-03-Soy Libre_Extraits critiques
08-03-Penché dans le vent_Extraits critiques
04-01-Soy Libre

LAURE  PORTIER

Laure Portier est née en 1983 dans les Deux-Sèvres. Après une licence de Lettres Modernes à Toulouse et une année à l’ESAV (l’Ecole nationale supérieure de l’audiovisuel toulousaine), elle intègre l'INSAS (Institut national supérieur des arts du spectacle) en section Image à Bruxelles où elle s’est installée depuis. Elle s’y forme aux techniques de l’image et intègre des équipes de tournage pour devenir assistante caméra, son activité principale, et accompagne des longs-métrages de fiction. Le passage à la réalisation n'est pas un geste hasardeux mais au contraire longuement nourri. En 2019, elle présente son premier moyen métrage, Dans l’œil du chien, lauréat du Prix court-métrage au festival Cinéma du Réel. Elle nous y  conte les dernières semaines de l’existence de sa grand-mère. Soy Libre est son premier long-métrage. En revenant autour du personnage de la grand-mère, présente dans son long-métrage, Laure Portier fait se rencontrer deux histoires partageant la même temporalité.


Dossier de presse et passim

  

Les premières images datent de 2005. Laure filme Arnaud, son petit frère. Ils ont huit ans d’écart et n’ont pas le même père, ils appartiennent à deux milieux différents. Sur plus d’une décennie, Soy Libre raconte la quête d'émancipation d'Arnaud, mais aussi une relation entre un frère et une sœur, faite de confrontations qui s'expriment dans et par le film. Dans le projet commun de réalisation que Laure Portier inaugure, Arnaud prend rapidement en charge ses propres images, en mesure de définir lui-même qui il est et où il veut aller; et si les seuls plans larges du film sont du fait d'Arnaud, cela en dit long sur le besoin d'espace et d'horizon qui le guide. Une manière de prendre le pouvoir sur sa vie, qu'il semble adresser à sa sœur autant qu'à lui-même, redonnant à la relation filmeuse-filmé une plus grande horizontalité. En retour, Laure Portier fait de Soy Libre un puissant hommage à Arnaud, à sa quête irrépressible de bonheur et de liberté.

Tënk, Chloé Vurpillot

SYNOPSIS

Arnaud cherche sa place dans la société. Soy Libre montre son insatiable désir de liberté au cours d’une quête de près de dix ans qui le mène du nord de la France au Pérou en passant par l’Espagne. Le portrait d’un frère qui ne cesse de grandir, dressé par sa grande sœur.

Extraits critiques

SOY LIBRE

Laure Portier met en exergue une véritable collaboration entre le filmeur et le filmé, et va jusqu’à mettre en scène le refus du filmé de se soumettre à toutes les volontés de celle qui tient la caméra et aurait dès lors le pouvoir, légitimé entre autres par un diplôme et une «» de cinéaste. Paradoxalement, c’est au final cette «» entre la cinéaste et son sujet, cette opposition entre la volonté de «ensemble» et la réalité des faits, laquelle se résumerait plutôt à «contre», qui fait tout l’intérêt de Soy Libre et qui finit par donner un autre sens au titre et à la quête du «»: celle de trouver sa liberté, y compris sa liberté par rapport au film. Le sujet de Soy Libre, et le «» pour son personnage principal, sont justement de fuir ce film, de le déserter pour gagner sa liberté. Mais la condition de cette prise de liberté réside aussi dans le film lui-même, qui met en scène ce chemin vers cette libération. Prendre sa liberté commence alors aussi à signifier «défaire du film», se libérer de celui-ci, ou au moins du carcan mis en place par sa sœur, qui lui a concocté un bon petit dispositif formaté et cloisonnant. Évidemment cette liberté a ses limites puisque sa sœur reprendra in fine la main et la «îtrise» de son film au montage, en choisissant parmi les images filmées par son frère celles qu'elle gardera ou non. Cette liberté est donc une illusion ou, pour tout le moins, elle est loin d'être totale. Laure Portier a dit que le film s'était terminé quand elle s'était tout simplement faite «ée» par son frère qui lui a fait comprendre qu'il s'en retirait. C'est donc finalement Arnaud qui aura décidé de la fin – d'une certaine manière et concernant le tournage en tant que tel principalement, puisque sa sœur a gardé la main sur le montage et la «de cinéma» qu'elle souhaitait – en reprenant sa liberté par rapport au film.

Le Rayon Vert, Thibaut Grégoire