Jérémy TROUILH et Fanny LIATARD
Originaires de Bordeaux, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh s’y rencontrent lors de leurs études à l'Institut d'études politiques. Porté par le goût de l'écriture, leur désir initial les oriente vers le journalisme, avec l'envie de raconter le monde sans pour autant savoir sur quel support s'appuyer. La découverte de l'Amérique latine lors d'un échange Erasmus les initie au réalisme magique dans l'art, soit une manière de rendre compte du réel en laissant place à un imaginaire merveilleux, loin du cartésianisme européen. J. Trouilh se tourne ensuite vers les Relations Internationales mais décide finalement de se former au cinéma documentaire à Lussas, en Ardèche. F. Liatard se spécialise quant à elle en urbanisme et en vient à travailler dans les quartiers nord de Marseille, sur des projets artistiques en lien avec les transformations urbaines.
Invités à filmer des portraits d'habitants avant la destruction de la cité Gagarine à Ivry-sur-Seine, le duo réalise en 2015 Gagarine, un premier court métrage, suivi par un deuxième, La République des Enchanteurs, tourné en banlieue nantaise. Leur troisième court, Chien Bleu, est à nouveau filmé en banlieue parisienne, à Aubervilliers cette fois. Le film est nommé en 2020 pour le césar du meilleur court métrage. (.) Gagarine, le long, est sélectionné au Festival de Cannes en 2020. Malgré un contexte de sortie compliqué par la pandémie du Covid-19, le film circule dans de nombreux festivals et reçoit un accueil critique très positif. Désireux de quitter le cadre urbain, le duo développe un deuxième long métrage situé dans les paysages des Landes. Il reste cependant fidèle à l'univers de ses premières œuvres et développe en parallèle un autre projet, une coproduction franco-américaine située dans un quartier périphérique de New-York et déployant plus franchement une dimension seulement esquissée dans Gagarine: la science-fiction. Les deux cinéastes incarnent un petit rôle dans dans Gagarine, ceux d'un élu et de l'experte menant l'examen de la cité. Cette brève apparition dans un film, appelée un « caméo », est relativement fréquente au cinéma. Dossier de Presse
La visite de la capsule se fait d'abord sans ajout de musique, mais à partir de la visite de la serre et surtout celle du ciel étoilé, on a l'utilisation du thérémine dans la bande originale composée par les frères Galperine et Amine Bouhafa.
Le thérémine est un des plus anciens instruments de musique électronique, inventé en 1920 par le Russe Léon Thérémine. Instrument monodique, son timbre ressemble à celui de la voix humaine ou à celui de la scie musicale. Robert Moog le perfectionna en inventant le synthétiseur qui le rendit obsolète.
CONTEXTE
Les villes communistes qui constituent la « ceinture rouge » de Paris se dotent presque toutes de grands ensembles, symboles de modernité et gages d’une amélioration concrète des conditions de vie de leurs administrés. À Ivry-sur-Seine (administrée par un maire communiste depuis 1925 jusqu’à aujourd’hui), la cité Maurice Thorez sort de terre en 1952. C’est le premier ouvrage de grande hauteur (14 étages) de la ville, qui sera labellisé "patrimoine du XXème siècle" en 2008. La Cité Gagarine est la petite sœur de Maurice Thorez, achevée près de 10 ans plus tard (1961): même forme en T, même conception en béton et briques rouges, gabarit très proche Elle connut son heure de gloire en juin 1961, lors de son inauguration par le cosmonaute russe Youri Gagarine (en l'honneur duquel elle a été baptisée), premier homme à avoir voyagé dans l'espace (1961). Cette politique de construction de grands ensembles commence à être remise en cause dès la fin des années soixante. Construits rapidement et de manière industrielle, certains bâtiments montrent déjà des signes de dégradation. Dans les années 1970, les classes moyennes exprimant de nouvelles aspirations, partent massivement s'installer dans les banlieues pavillonnaires. Les pouvoirs publics accompagnent cette évolution et abandonnent la construction de grands ensembles au profit d'une politique d'accession à la propriété et de soutien individualisé au logement (c'est le début des "allocations logement"). Cette évolution entraîne par contrecoup la concentration des classes sociales les plus défavorisées, frappées de plein fouet par la désindustrialisation et le chômage, dans ces grands ensembles. Enclavées et souvent mal desservies par les transports en commun, vieillissantes et de plus en plus mal entretenues les "cités" commencent à accumuler les problèmes de pauvreté et de violence. Leur architecture, décriée comme déshumanisante, voire criminogène, elles deviennent ainsi, sinon la cause, du moins l'emblème du "malaise des banlieues". À la fin des années 80, les politiques de la ville et du logement poursuivent le même objectif : réhabiliter le bâti et réintroduire de la mixité sociale. En 2003 la loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine, dite loi Borloo, institue le programme national pour la rénovation urbaine (PNRU) dont l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) constitue le bras armé. Elle vise à moderniser les grands ensembles de logements sociaux en combinant la démolition-reconstruction et la rénovation. L'exemple d'Ivry-sur- Seine illustre cette combinaison: alors que la Cité Maurice Thorez, sauvée par son classement au "Patri-moine du XXème siècle", sera réhabilitée, la décision est prise en 2014 de démolir la cité Gagarine d’Ivry pour laisser la place à un éco-quartier. Le 31 août 2019, le premier coup de pelleteuse est donné, sous les yeux des anciens habitants. C’est au cours de cette période très particulière qu'a eu lieu le tournage du film.
Dossier de presse CNC, Amélie Dubois
SYNOPSIS
Youri, 16 ans, a grandi a` Gagarine, immense cité de briques rouges d’Ivry-sur-Seine, ou` il rêve de devenir cosmonaute. Quand il apprend qu’elle est menacée de démolition, Youri décide d’en trer en résistance. Avec la complicité́ de Diana, Houssam et des habitants, il se donne pour mission de sauver la cité, devenue son " vaisseau spatial ".
Extraits critiques
Gagarine