12-02 Balloon Synopsis
12-04 Balloon_Propos du réalisateur

Pema Tseden est de retour avec une chronique sociétale où un couple de bergers tibétains décide, pour suivre la politique de l’enfant unique imposé par Pékin, d’utiliser des préservatifs, geste tabou dans leur communauté. Peinant à garder ce secret, la femme va surtout, et malgré tout, tomber enceinte. Alors qu’elle veut avorter, son mari va s’y opposer car le Lama lui a assuré que l’enfant à naître sera la réincarnation de son père. Balloon raconte la difficulté de l'émancipation sexuelle d'une femme écrasée sous le poids des conservatismes religieux qui gangrènent jusqu'à son mari pourtant aimant. Le sujet est fort et le traitement jamais besogneux. L'espièglerie qui surgit parfois ne fait qu'en renforcer la puissance. Perna Tseden transcende le film-sujet avec superbe.

Première, Thierry Chèze

Au bout du monde, au Tibet, une famille de bergers. Des enfants découvrent des préservatifs dans le lit des parents et en font des ballons. Scandale dans la communauté rurale, la tradition séculaire (pas de contraception) est bafouée. Simultanément, la règle imposée par les autorités chinoises (un seul enfant) est contredite par la grossesse de Drolkar, l’épouse. Avortera-t-elle? Dans des paysages grandioses ponctués par les petits ballons des enfants, le drame se joue. Pema Tseden, issu d’une famille tibétaine, navigue avec délicatesse entre la censure chinoise et le constat d’une ethnie menacée. Arrêté en 2016 et torturé, il plaide pour la liberté des femmes, avec poésie.

L’Obs, François Forestier


Sous l’influence assumée du cinéma de Kiarostami, Pema Tseden propose une mise en scène inventive, souvent drôle, mêlant un sens aigu de l’allégorie à une approche anthropologique empreinte de nostalgie.

à vrai dire, on ne s'attendait pas à ce que cette pastorale juchée sur les plateaux tibétains, avec ses airs de fable sans âge et sa famille d'éleveurs de brebis jolis comme des cœurs, s'ancre dans un contexte politique identifié.

Gentiment bercé par la beauté grandiose des paysages et la douceur du trait, on en vient à s’étonner de la frontalité avec laquelle le film renonce au laconisme poétique dès qu’il est question du contrôle des natalités, des capotes échangées sous le manteau et des opérations de ligatures des trompes. Sans déborder les archétypes que finissent par dessiner leurs tempéraments respectifs, les personnages restent figés dans un conte moral à la joliesse de porcelaine, où les conflits semblent illustratifs.

Condors Films, Sandra Onana


La beauté du film est à chercher ailleurs: dans la description des mœurs rurales qui nous renseignent sur la sociabilité tibétaine, les rapports familiaux, le commerce amoureux ou le partage établi entre vie matérielle et vie spirituelle.

Le Monde, Mathieu Macheret

En Chine, la décennie écoulée a vu le renversement de la politique démographique restrictive qui régnait depuis la fin des années 1970. Après 40 ans de contrôles des naissances , la fin de la règle de l’enfant unique (en raison du vieillissement de la population) provoque un semblant de baby boom bien qu’en quelques années seulement, le taux de fécondité chinois recommence sa chute jusqu’à atteindre un solde naturel négatif en 2022.

La question de la planification des naissances au Tibet à l’époque de la politique chinoise de l’enfant unique, mérite que l’on s’y arrête. En vertu des règlements de la campagne de planification des naissances menée au Tibet en 1992, les familles tibétaines avaient le droit d’avoir deux enfants mais la mère devait avoir au moins 22 ans à la naissance du premier enfant et 25 ans à la naissance du deuxième. Les équipes médicales exercèrent un contrôle strict sur les naissances d’un troisième enfant, forcèrent les femmes tibétaines à subir des avortements, à se faire stériliser, et des amendes excessivement lourdes (de 500 à 5yuans) furent imposées aux familles tibétaines ayant trop d’enfants.

Des Tibétains en exil ont soutenu que le gouvernement chinois menait au Tibet une politique de planification des naissances très coercitive dont le but était de «anéantir la race tibétaine» (Office of Information 1990).

Des allégations troublantes de stérilisations et d’avortements forcés en Chine, particulièrement dans les régions reculées et parmi les minorités nationales, continuent de circuler.

D’après Immigration and Refugee Board, Canada

  

La politique de l’enfant unique au Tibet

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