Maryam TOUZANI
Née à Tanger en 1980, Maryam Touzani passe son enfance dans sa ville natale avant de poursuivre des études universitaires en journalisme à Londres. Passionnée d’écriture, elle retourne au Maroc après ses études et y travaille comme journaliste, se spécialisant dans le cinéma du Maghreb. Rapidement, elle ressent la nécessité de s’exprimer à travers ses propres films. En 2008, elle écrit et réalise un documentaire pour la première journée nationale de la Femme au Maroc, une date importante pour le pays; d’autres documentaires suivront… Quand ils dorment (2012), son premier court métrage de fiction, est projeté et primé dans de prestigieux festivals à travers le monde, remportant un total de dix-sept récompenses. En 2015, son deuxième court métrage, Aya va à la plage continue sur la même voie, remportant quinze prix. Grâce au très acclamé Much Loved (2015) du réalisateur Nabil Ayouch, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes, elle approfondit son expérience en collaborant étroitement avec le réalisateur, travaillant sur le développement du scénario et participant au tournage à différents niveaux. Peu de temps après, elle co-écrit avec Nabil Ayouch son dernier long métrage, Razzia, présenté en compétition au Toronto International Film Festival et qui représente le Maroc aux Oscars. Dans Razzia, où elle interprète également un des rôles principaux, elle se retrouve de l'autre côté de la caméra pour la première fois.
En 2019, elle réalise son premierlong-métrageAdam.dernier, sélectionné pour lefestival de Cannes, dans la sectionUn certain regard, remporte plus d'une vingtaine de prix dans le monde, et fait de Maryam Touzani la première femme marocaine à concourir à la course aux Oscars en 2020. Sélectionné auFestival de Cannes 2022la sectionUn certain regard,Le Bleu du caftan(2022), narrant l'existence difficile d'un homme marié etdans une société marocaine répressive, remporte leprix FIPRESCI. Maryam Touzani est membre du jury dufestival de Cannes 2023, présidé par le cinéasteRuben Östlund, qui remet laPalme d'oràAnatomie d'une chuteJustine Triet.
Réalisatrice et scénariste
2011:Quand ils dorment(court-métrage)
2014:Sous ma vieille peau(documentaire)
2015:Aya va à la plage(court-métrage)
2019:Adam
2022:Le Bleu du caftan
2026:Rue Málaga(Calle Malaga)
Scénariste et actrice
2017:RazziaNabil Ayouch: Salima
Scénariste
2015:Much LovedNabil Ayouch
GENÈSE
«film est né d’une vraie rencontre, douloureuse mais inspirante, qui a laissé en moi des traces indélébiles. J’ai connu la jeune femme qui m’a inspiré le personnage de Samia. Elle a atterri à Tanger, fuyant sa famille, après avoir été mise enceinte puis quittée par un homme qui lui avait promis le mariage. Par crainte, par honte, elle n’avait rien dit à ses proches et avait caché sa grossesse pendant des mois.
Loin de chez elle, elle espérait accoucher en cachette de son enfant et le donner pour revenir dans son village. Mes parents l’ont accueillie quand elle est venue sonner à notre porte, sans la connaître. Son séjour, censé durer quelques jours, a duré plusieurs semaines, jusqu’à la venue au monde de son enfant.
Cette Samia était douce, réservée, aimait la vie. Sa douleur, j’en ai été témoin. Sa joie de vivre, aussi. Et surtout, son déchirement vis-à-vis de cet enfant que, d’après elle, elle se trouvait obligée d’abandonner pour continuer son chemin; son refus de l’aimer, au début, car elle refusait de le regarder, le toucher, l’accepter. J’ai vu cet enfant s’imposer à elle, petit à petit, cet instinct maternel viscéral se réveiller, en dépit de ses efforts pour l’étouffer.
Et j’ai ressenti l’urgence. L’urgence d’écrire, de raconter. Son histoire est venue se joindre à mes propres blessures, à mon expérience de la perte, du désarroi que l’on peut ressentir, du déni, du deuil qui n’est pas fait.
D’où le désir de les faire évoluer dans un presque huis clos, comme sur une scène de théâtre, avec une fenêtre sur le monde.
SYNOPSIS
Une jeune femme, Samia (jouée par Nisrin Erradi), enceinte de neuf mois, est à la recherche d'un logement et d'un travail, et frappe aux portes de la ville, ayant quitté son village pour s’épargner la honte d’une grossesse hors mariage. Les regards sont soupçonneux, les consciences peu enclines à accepter une femme qu’on pense de mauvaise vie. Une veuve, Abla (jouée parLubna Azabal) se montre méfiante et peu disposée à lui fournir un toit et un travail, avant de se résoudre à l'accueillir chez elle, pour quelques nuits. Depuis la mort de son mari, Abla élève seule sa fille de 8 ans, et gagne sa vie en préparant et vendant des pâtisseries. Suite à l'arrivée dans sa maison de Samia, un rapprochement va difficilement mais progressivement s'opérer entre les deux femmes, et va secouer la vie un peu sombre d'Abla. Reste l'accouchement et le devenir de l'enfant, la société condamnant de fait Samia à abandonner son bébé ou à vivre en paria.
Extraits critiques
Adam