10-04-Adam_Entretien avec la réalisatrice
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Le travail de Maryam Touzani conjointement mené avecNabil Ayouchquelques années – on se souvient deMuch Lovedplus récemmentRazziale doigt sur l’hypocrisie de la société marocaine, patriarcale et conservatrice.Adamhommage à la force de ces femmes tenues à l’écart mais la qualité de son écriture, le talent de ses actrices et sa beauté plastique en font beaucoup plus qu’un film-dossier. À la faveur d’une courte scène où l’on voit Alba éplucher des pommes de terre, Maryam Touzani dresse un pont cinématographique entre son héroïne etJeanne Dielman, ces femmes enfermées dans un quotidien domestique.

Ode à la sensualité et à la connivence féminines, naissance et renaissance dans un gynécée : la réalisatrice croit en un mouvement, un changement possible, dans cette société patriarcale, incarnés par une délicieuse gamine pleine de peps, dont les regards deviennent des fils invisibles tendus entre les deux héroïnes et vers l’avenir. Le seul homme du film ? Comme dans la meilleure des comédies romantiques, ce joli personnage d’amoureux transi lâche littéralement son sac de farine tant il est subjugué par la séduction, à nouveau assumée, d’une femme… AvecAdamsa manière de traiter le social au plus près de la chair, Maryam Touzani célèbre orgueilleusement les Ève de Casablanca.

Télérama, Guillemette Odicino

Si le titre du film est un prénom masculin, il ne faut pas s’y fier. Il s’agit bien d’une œuvre consacrée au destin de deux femmes et également réalisée par une femme. Le récit, doux et tranquille en apparence, décrit la rencontre de deux solitudes qui vont se télescoper et se nourrir l’une l’autre.

A voir A lire, Fabrice Prieur

Grâce à la sensibilité de sa réalisatrice,Adamest avant tout une touchante histoire d’entraide face à l’adversité, histoire simple, mais universelle d’une rencontre et de deux métamorphoses inespérées, à commencer par celle d’une jeune femme à peine sortie de l’adolescence, qui se découvre de nouvelles ressources grâce à cette maternité qui la dépasse, la transcende et réveille ses instincts primitifs enfouis. Inspiré de rencontres faites par Maryam Touzani,Adaml’occasion à ses deux actrices principales de montrer l’ampleur de leur talent. Avec ses grands yeux tristes, Nisrin Erradi, une révélation, se montre douce, réservée et amoureuse de la vie malgré ses malheurs. Monolithique pendant une grande partie du film, Lubna Azabal finit par retrouver goût à la vie grâce à la présence de Samia, qui l’oblige à faire son deuil. Drame austère en huis-clos (on quitte rarement la maison d’Abla), à la mise en scène épurée, évitant le sentimentalisme comme la peste,Adamen lumière, quand ses héroïnes aux cheminements parallèles commencent enfin à entrevoir cette petite lueur d’espoir qu’elles pensaient à jamais éteinte.

Cinérgie, Grégory Cavinato

Loin de toute séduction,Adamérige la sororité en viatique et trouve sa beauté dans les étincelles qu’il regarde jaillir du frottement de deux âmes forcloses. Il faut souligner le très beau travail de la directrice de la photographie, Virginie Surdej, inspiré par les tableaux de maîtres, Le Caravage, pour les ambiances claires obscures et l’évocation d’une vie simple, Wermeer, pour la lumière oblique et la chaleur des mordorés.

Le Bleu du Miroi, François-Xavier Thuaud

Ainsi Maryam Touzani montre-t-elle que le système patriarcal est bel et bien oppressif (ce qui n'est pas vraiment un scoop) mais sans incarner cette violence dans des personnages. Une bonne idée. Soucieuse de l'image qu'elle donne de son pays, la réalisatrice fait passer dans la rue à deux reprises des femmes non voilées. Message: au Maroc, le voile n'est pas obligatoire. Autre atout du film, ces scènes qui se concentrent, en prenant leur temps, sur les gestes du quotidien : le ventre rond que l'on masse, la farine qu'on tamise, la pâte qu'on effile ou qu'on pétrit.

Terminons par un mot sur le sous-texte symbolique. Adam est bien sûr dans la Bible le premier homme. Une façon d'indiquer que Samia va garder son bébé, et qu'il sera peut-être le premier homme d'une nouvelle ère, celle où un enfant né hors mariage ne serait plus ostracisé ?...

Sens Critique, Jduvi

Entretien

avec la réalisatrice

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