08-03- Assaut Extraits critiques
08-03-Penché dans le vent_Extraits critiques
08-01- Assaut

Adilkhan YERZHANOV

Né en 1982 à Jezkazgan, ville minière du Kazakhstan, Adilkhan Yerzhanov nourrit depuis l’enfance un intérêt pour le cinéma et l’étudie à l’Académie Nationale des Arts du Kazakhstan, dont il sort diplômé en réalisation en 2009. Il fait partie de cette jeune génération de cinéastes qui surgit au Kazakhstan à la fin des années 2000, surnommée par les critiques « la nouvelle Nouvelle Vague » en l’honneur de leurs prédécesseurs. Découvert par la critique en France pour sa beauté formelle comme pour son propos, son film La Tendre Indifférence du monde (2018) a été présenté dans plusieurs grands festivals internationaux (section Un certain regard du Festival de Cannes).A Dark-Dark Man est présenté au Festival de San Sebastián 2019 en compétition et reçoit le Prix de la Meilleure Réalisation aux Asia Pacific Screen Awards la même année. En 2020, il tourne Yellow Cat qui fait sa Première mondiale au 77e Festival de Venise. Puis, il enchaîne avec 3 nouveaux longs métrages. Ainsi en 2022 Assaut remporte le Grand Prix et le Prix de la Critique à Reims Polar (Festival International du Film Policier). En 2022, L'Éducation d’Ademoka fait sa première mondiale au Festival International du Film de Varsovie. Enfin, Goliath remporte le Premio Besato d'Oro des Meilleurs Acteurs au 79e Festival de Venise et est récompensé du Prix du Jury à Reims Polar 2023.


51°Festival de La Rochelle D.P.


Yerzhanov et ses amis ont fondé un groupe qu’ils ont nommé le « cinéma partisan », qu’il définit ainsi: « Tout film vivant, qui veut parler de la vie réelle et de la société contemporaine. Le cinéma que l’État kazakh ne veut pas voir. » Leur principe est ainsi de se libérer de tous les carcans : ceux des financements étatiques, des attendus de la société kazakhe, souvent pudibonde, d’une censure politique et idéologique, de refuser de produire un cinéma « promotionnel » et touristique sur leur pays. De ne plus attendre d’hypothétiques feux verts et autorisations ou financements, mais filmer, aussi librement que possible. Adilkhan Yerzhanov devient rapidement la figure de proue de ce groupe, et il reste fidèle à ces mêmes principes jusqu’à aujourd’hui. Il réalise une quinzaine de longs métrages de fiction en une dizaine d'années. Très prolifique, il impressionne d’autant plus qu’il ne renonce jamais à une grande exigence cinématographique et propose un univers singulier et surprenant, composé film à film, comme une mosaïque multicolore dont le motif se précise d’année en année.

Eugénie Zvonkine, enseignante-chercheuse en cinéma  Université Paris 8

Extraits critiques

Le Kazakhstan d’Adilkhan Yerzhanov se situe entre réalité et fiction: le village de Karatas, dans lequel se déroule Assaut n’existe pas. Le cinéaste l’avait d’ailleurs déjà mis en scène dans La Peste dans le village de Karatas (2016). à propos d'Assaut, qui décrit avec férocitéun pays délabré où les citoyens normaux doivent prendre les armes, Yerzhanov explique: «événements se déroulent dans un village imaginaire appelé Karatas. Son école est prise d’assaut par des personnes masquées non identifiées. Le village est isolé, de sorte que si la route est bloquée par la neige, personne ne peut l’atteindre. Je ne connais pas de tels endroits au Kazakhstan. Cet espace est, bien sûr, totalement symbolique. Assaut ne devrait pas être rapproché d'événements réels. Le film est psychologique et non sociopolitique

Eugénie Zvonkine, enseignante-chercheuse en cinéma  Université Paris 8, La rébellion par la poésie


Assaut  se déroule en partie, dans un lieu fermé, une école, où des terroristes ont pris des enfants en otages. On pense au drame de Beslan en Russie en 2004, qui fit plus de 300 morts dans un lieu similaire. Cependant, Yerzhanov, en parfait ennemi du réalisme, ne traite pas le fait divers sur un mode dramatique; il le transforme en satire bouffonne.

L’Humanité


Situé dans un village totalement isolé du reste du Kazakhstan, Assaut expose le désintérêt morbide des autorités pour les plus pauvres. Sans possibilité d’intervention d’une unité d’élite dans les 48 heures, les enfants semblent condamnés. Le véritable portrait de l’équipe se dresse enfin, transformant l’alcoolique notoire en vétéran de la guerre d’Afghanistan, un professeur de mathématiques lâche en dépressif muet, une mère aimante et torturée en tireur d’élite. Assaut n’est pas prétentieux. Yerzhanov expose des faits : il multiplie les plans larges sur la campagne enneigée témoignant de l’infinie solitude de ses personnages, met l’accent sur les bâtiments publics (école, commissariat) délabrés de son pays et sur l’absurdité des propos des forces de l’ordre, visiblement incapables de témoigner d’une quelconque humanité. Le long-métrage répond parfaitement à chacune des attentes. Difficile de ne pas se tordre de rire devant l’effroyable cynisme de certains personnages ou de retenir ses larmes lors d’un monologue sur l’atrocité de la guerre. Yerzhanov nous présente la vie telle qu’elle est. Froide, crue, sale, mais réelle. Unique. La mise en scène, au moins aussi glaciale que la neige encore plus présente que dans Fargo-, accentue la radicalité du propos. Et l'assaut en lui-même confirme le pari réussi de Yerzhanov.

Le Bleu du Miroir, Adrien Roche

SYNOPSIS

Les élèves d’un lycée de Karatas au Kazakhstan sont pris en otage par des inconnus armés portant des masques. Ces ravisseurs ne font pourtant aucune demande. Apprenant que l’armée n’arrivera que dans deux jours car une tempête de neige fait rage, Tazshi, le professeur de mathématiques, prend la décision de partir à l’assaut avec d’autres parents.

ASSAUT