Un film, aux effluves profondément mélancoliques et poétiques, qui décrit avec grâce et pudeur, à travers les yeux de son héros principal, toujours à la limite du basculement, l’univers des ouvriers de l’ancienne Allemagne de l’Est… Une valse dans les allées est un film qui fuit en permanence la vulgarité et la facilité. La poésie surgit au détour d’un regard entre Christian et Marion, ou encore, les échanges empreints de paternalisme et d’affection entre le chef de rayon et le nouveau salarié. Même un chariot élévateur qui perce le plafond de l’entrepôt appelle au bruit de la mer. La délicatesse et la pudeur sont peut-être les qualificatifs principaux de ce film qui, résolument, se rapproche des grands. On saluera la maturité d’un réalisateur encore jeune qui est capable de mettre en scène des ouvriers, sans jamais céder à la caricature ou au mépris. Il prend le temps avec ces deux belles heures de film, de faire du cinéma, au sens d’une mise en spectacle et en lumière d’humanités simples. La quiétude apparente du film recèle une profonde mélancolie sur la vie. Le spectateur apprend que derrière la propagande européenne qui a voulu faire de la réunification allemande l’exemple même de l’accouchement de la modernité, des myriades de vie, celles qui n’ont pas la parole, ont perdu le sel de ce qui faisait leur bonheur de vivre. Il faut assurément appuyer le courage d’un réalisateur qui prend la tangente inverse des discours officiels en regardant au plus près, en quoi les décisions publiques bouleversent des existences entières. En ce sens, Une valse dans les allées fait presque figure de film politique. Derrière cette apparente sobriété de la mise en scène, se cache une réflexion dense et aboutie sur l’état des ouvriers, à la façon d’une œuvre de Kaurismäki, qui préférerait, à la violence des images, à la rugosité de la dénonciation, la douceur d’un poème.
aVoir-aLire.com, Laurent Cambon
Telle une valse, le film est rigoureusement construit en trois temps, portant le prénom de l'un des personnages principaux. [...] Trois visages de la transition: la précarité, l'allégeance au nouveau modèle, le déclassement. Leur point commun: une solitude désolée.Positif, Louise Dumas
Distingué lors de la Berlinale 2018, Une Valse dans les allées est une chronique romantique, douce-amère et optimiste sur le monde du travail. Le réalisateur allemand Thomas Stuber parvient à ponctuer un quotidien d’apparence routinier par de nombreuses parenthèses poétiques. (.) . La voix off du personnage principal y extériorise les pensées qui lui viennent, tel un exutoire. Dans un espace de travail où les conditions restent austères, le mal-être, partagé par Marion, dépressive, et Bruno, amer de la réunification de l’Allemagne, se dévoile lentement. La découverte progressive de l’autre, principalement entre Marion et Christian, amène le spectateur à suivre avec grande attention les relations des deux protagonistes pendant près de deux heures. Et ce, sans la moindre lassitude.
Maze, Yoann Bourgin
Tant du point de vue de l'analyse des rapports amoureux entre Christian et Marion, que de l'analyse sociale et du passage de témoin de Bruno à Christian, le film déploie une étude critique douce qui refuse la révolte, ce qui en fait tout le charme, discret et paradoxal.
Cinéclub de Caen, Jean-Luc Lacuve
Dans ce cadre géométrique d’horizontales et de verticales métalliques où s’exerce la mélancolie jaillissent la tendresse, l’émotion, quelques éclats de bonheur. Et toute la beauté du film.
Le Monde, Véronique Cauhapé
Le long métrage Une valse dans les allées est une jolie comédie romantique douce-amère qui nous brosse le portrait d'êtres cassés par la vie et dont le passé ou le quotidien hors de leur lieu de travail affleurent par bribes, que ce soit les tatouages de Christian cachés sous son uniforme, le mari hors-champ de Marion ou l'emploi de camionneur perdu par Bruno après la réunification allemande.
Bulles de culture.com, Jean-Christophe Nurbel
Par sa maîtrise formelle et sa sensibilité, le réalisateur Thomas Stuber parvient à lui donner une grâce à laquelle le jury œcuménique du dernier festival de Berlin, qui lui a attribué son prix, a su être sensible. Derrière la légèreté et l’humour décalé directement emprunté à l’univers d’Aki Kaurismäki, sourdent une tristesse et une mélancolie dont la clé se situe à l’extérieur du magasin. Trois solitudes pour lesquelles le supermarché constitue une parenthèse, un îlot de chaleur et de solidarité.
La Croix, Céline Rouden
Entretien
avec le réalisateur
EXTRAITS CRITIQUES
Synopsis